ARMORIAL DE NEUCHATEL - par M. Bonneserre de Saint-Denis - 1865

Un texte téléchargé depuis le site de la Bibliothèque Nationale de France

Armes: blasons et parfois cimier, légende et devise, tenants et supports et autres ornements extérieurs.
PUBLIÉ EN 1864 PAR LE COLONEL DE MANDROT ET M. DU BOIS DE PURY

L'Armorial de Neuchâtel renferme 612 écussons classés et répartis comme suit:
1° Armes communes à toutes les branches de la maison de Neuchâtel, du XIIe siècle au XIVe: 12 blasons ;
2° Armes des différentes branches de la même maison dès le XIVe siècle: 5 blasons ;
3° Armes des maisons souveraines ayant régné sur ce pays de 1315 jusqu'à nos jours: 5 blasons, parmi lesquels figurent ceux des d'Orléans-Longueville et du maréchal Berthier. On sait effectivement qu'en 1504 Louis d'Orléans, duc de Longueville et descendant du vaillant Dunois, épousait Jeanne de Savoie, qui pour dot lui apportait le comté de Neuchâtel. Et le dernier membre de cette maison qui le posséda, fut la duchesse Marie de Nemours, soeur de l'abbé d'Orléans, laquelle mourut en 1707. - Quant à Berthier, Napoléon le créait prince en 1806, et lui donnait ce territoire.
4° Armes des gouverneurs et baillis: 32 blasons ;
5° Armes des familles nobles, des dignitaires, des magistrats, des maires, etc., etc. : 500 blasons ;
6° Armes des abbés, prieurs et prévôts: 31 blasons ;
7° Enfin, armes des communes: 27 blasons.
Toutes ces armoiries sont dessinées avec un art extrême, coloriées avec une grande habileté ; néanmoins elles nous eussent faiblement intéressé, on le comprendra, si la lecture des noms de leurs possesseurs ne nous avait montré que nombre de gentilshommes français pourraient encore, aujourd'hui, rencontrer sur la terre neuchâteloise des traces de leurs ancêtres

Voici donc, selon leur ordre alphabétique, les noms de ces familles, et de plus leurs armes.

Belgarde (de) seigneurs des Marches et d'Entremont. Cette maison, dont la Savoie fut le berceau, s'est établie en France depuis plusieurs siècles. D'azur, aux rayons droits et ondés alternativement d'or, mouvants d'une portion de cercle du chef vers la pointe de l'écu, chaque intervalle de rayons rempli d'une flamme renversée de même; au chef d'or, chargé d'une aiglette de sable.
Borel seigneurs de Manerbe. Originaires de Normandie. De gueules, à la bande de vair accompagnée de deux lions d'or.
Boyer seigneurs de Trébillane Originaires de Provence. D'azur, au boeuf d'or, surmonté de trois étoiles d'argent.
Bullion (de) seigneurs de Fontenay, de Courcy. Originaires de Bourgogne. D'argent, à trois fasces ondées de gueules, surmontées d'un lion naissant de même.
Brion (de) seigneurs de Mardoigne. Cette maison, originaire de l'Auvergne, est éteinte depuis longtemps, du moins en France. Pour la Suisse, nous ignorons si quelque descendant de ces Brion y subsiste encore. D'azur, semé de billettes d'or (alias de trèfles), au lion du même, brochant sur le tout.
Chabre (de) Des branches de cette famille subsistent en Bretagne et également en Auvergne, province d'où nous la croyons sortie. Écartelé, aux 1 et 4 d'azur au chevron d'or accompagné de trois têtes de chèvre coupées, de même ; aux 2 et 3 d'azur à la croix alésée d'argent et à la bordure de vair ( alias, de gueules).
Chalant (de) seigneurs de Varey ou Varzy. Très probablement originaires du Nivernais. D'argent, au chef de gueules, au bâton de sable brochant sur le tout.
Chambrier (de) Maison originaire de Franche-Comté. D'or, à deux chevrons entrelacés, de sable; à la fasce du même, brochante; au franc-quartier d'argent à la tête d'aigle de Prusse; sur le tout, un écusson d'argent à l'aigle de Prusse.
Chatillon seigneurs de Droche ou Draché. Supposés originaires de la Touraine, où se voit près de Loches une localité nommée Draché. D'argent, au sautoir de gueules.
Chastellain Famille originaire de Bourgogne. D'azur, au château d'argent.
Chastenay seigneurs de Lanty. Les Chastenay ont fait souche en Bourgogne et en Champagne, mais cette dernière province paraît avoir été leur berceau. D'argent, au coq de sinople, crêté, becqué, barbé, onglé et couronné de gueules, ayant la patte dextre levée, et accompagné de trois roses aussi de gueules, 2 en chef, 1 en pointe.
Châteauvieux (de) seigneurs de Soucanton, de Vezenobre, de la Motte. Originaires du Languedoc. D'azur, à la tour donjonnée de trois pièces d'argent, maçonnée de sable ; au chef cousu de gueules, chargé d'une étoile d'or adextrée d'un lion issant du même, et senestrée d'un croissant versé d'argent.
Cléron (de) seigneurs d'Haussonville. Originaires de Lorraine. De gueules, à la croix d'argent, cantonnée de quatre croisettes tréflées du même.
Dortant (de) seigneurs de Marterey. Originaires du Bugey. De gueules, à la fasce d'argent, accompagnée de trois annelets du même, 2 en chef, 1 en pointe.
Ferres (de) seigneurs de Réauville. Originaires du Dauphiné. D'azur, à trois plattes d'argent, à la bordure échiquetée d'argent et d'azur, de deux traits.
Faure (du) seigneurs de Saint-Sylvestre et de Vercours. Originaires du Dauphiné. D'argent, aux trois couronnes antiques d'or, enfilées dans une bande d'azur.
Gauthier seigneurs de Rougemont. Originaires de Bourgogne. D'azur, au chevron d'argent, accompagné en chef de deux étoiles du même, et en pointe d'une grappe de raisin d'or.
Godet seigneurs de Tournay, de Saint-Amand, des Hautes-Terres, etc. Famille originaire de la Normandie. De gueules, à trois godets ou coupes d'argent, posés 2 et 1.
Grand seigneurs de Hauteville. Originaires de Franche-Comté. De gueules à deux chevrons d'or, au pal d'azur, brochant, chargé d'un soleil d'or.
Grandson (de) seigneurs de Pesme. Les Grandson, qui tirèrent leur nom d'une petite ville bâtie sur les bords du lac de Neuchâtel, appartiennent cependant aussi à la France. Fixés dès le XIIIe siècle dans la Franche-Comté, ils furent les plus dévoués chevaliers des ducs de Bourgogne. Leur lignée a pris fin vers 1580. Palé d'argent et d'azur, à la bande courbée d'argent, chargée de trois coquilles d'or, et brochante sur le tout.
Joux (de) seigneurs dudit lieu et de la Cluse, Mireval, Osies, etc. Maison depuis longtemps éteinte, et qui appartenait à la Franche-Comté. D'or, fretté de sable.
Montjoye (de) Originaires d'Alsace. Écartelé, aux 1 et 4 de gueules, à la clef d'argent, en pal, tournée à dextre; aux 2 et 3 de gueules à la clef d'or, en pal, tournée à senestre, accompagnée de quatre pièces carrées d'or, taillées forme diamant, rangées en pal à dextre de la clef et de cinq boules d'argent placées en sautoir, à senestre.
Mont (du) seigneurs de Lage-Rideau. Originaires du Limousin. D'argent, à la croix de sable.
Morel seigneurs de Mons. Originaires de Provence. D'or, au cheval cabré de sable, au chef d'azur chargé de trois étoiles d'or.
Oudinot de Reggio Originaires de Lorraine. Ici, remettons brièvement en mémoire les titres honorables qui rattachent le nom des Oudinot au canton suisse dont nous décrivons l'Armorial: " Après la signature de la paix, en 1806 - dit le chevalier de Courcelles (État actuel de la pairie de France, t. Ill, p. 99; 4 vol. in-40, Paris, 1826.) - le général Oudinot fut chargé de prendre possession des principautés de Neuchâtel et de Valangin, cédées par la Prusse. Sa conduite noble, équitable et désintéressée lui concilia l'affection et l'estime des habitants, qui lors de son départ, voulant lui donner un témoignage public de leur reconnaissance, l'inscrivirent sur les registres matricules des citoyens de Neuchâtel, et lui offrirent une riche épée portant cette inscription: la ville de Neuchâtel au général Oudinot. 1806. " Parti, au 1 de gueules à trois casques d'argent, tarés de profil ; au 2 d'argent au lion de gueules tenant de la patte dextre une grenade de sable, enflammée de gueules.
Pourtalès (de) Originaires du Languedoc. Écartelé, aux 1 et 4 d'azur au pélican d'argent, et sa piété de gueules; aux 2 et 3 de gueules à deux chevrons d'argent superposés ; sur le tout, de gueules au portail d'or.
Rochefort (de) seigneurs d'Aurouse et de la Queuille. Originaires de l'Auvergne. Losangé d'or et d'azur, à la bordure de gueules.
Rougemont (de) seigneurs dudit lieu. Originaires de Franche-Comté. D'or, à l'aigle de gueules, membrée, becquée et couronnée d'azur.
Le Royer seigneurs de la Roche-Mondière. Diverses maisons de ce nom existent en Bourgogne, Bretagne et Normandie, mais leurs armes diffèrent complètement des armes des le Royer de la Roche-Mondière, contenues dans le rarissime Armorial de Dubuisson, sans nulle mention, malheureusement, de la province à laquelle appartenait cette famille. Écartelé, aux 1 et 4 d'azur à la foi couronnée à l'antique, le tout d'argent; aux 2 et 3 d'azur au chevron d'or accompagné en chef de deux roses d'argent, et en pointe d'une aiglette de même, au vol abaissé.
La Tour (de) seigneurs de Saint-Vidal et de Choisinet. Originaires du Vivarais. D'azur, à la tour d'argent.
Le Ver seigneurs de Caux, d'Anchy, etc. Originaires de Picardie. D'argent, à trois verrats (sangliers) de sable, accompagnés de neuf trèfles du même, posés 3 en chef, 3 en fasce, 3 en pointe.
Vy (de) Originaires de Franche-Comté. D'argent, au lion de sable, armé, lampassé et couronné d'or.

Telles sont les seules familles nobles pour lesquelles il nous ait été possible, en étudiant l'Armorial de Neuchâtel, de revendiquer une origine française. En y joignant celles d'Orléans-Longueville et de Berthier, mentionnées au début de notre article, leur nombre se trouvera porté à 34. On l'augmenterait difficilement, croyons-nous.
En terminant, constatons qu'il existe parfois des différences assez notables entre les armes qu'assignent à ces diverses maisons, nos Nobiliaires, et les armes que leur donne, en son recueil, M. le colonel de Mandrot. Et de même aussi leurs noms patronymiques y sont généralement défigurés.
D'où proviennent ces différences, ces altérations?
Pour les armes, soit de quelques brisures, soit du caprice individuel, " car aucune autorité - rapporte M. de Mandrot - n'avait le droit, en Suisse, de s'opposer à ce qu'on changeât ses armoiries, ce qui est arrivé fort souvent (Ibid., préface, p. 5). "
Quant aux altérations orthographiques que nous signalons, elles pourraient être mises sur le compte des auteurs de l'Armorial de Neuchâtel, par quiconque ne connaîtrait pas l'insouciance radicale de la majorité des familles, en pareille matière. Mais nous, dont la vie se passe à compulser parchemins, contrats, actes d'état civil, nous ne saurions nous y tromper. D'une génération à l'autre ne voyons-nous pas, en effet, des noms de famille se modifier de la plus fâcheuse façon, sans qu'aucun des intéressés élève la voix pour réclamer? ...
Oui, et c'est un manque de vénération, de probité morale envers ses aïeux, le nom qu'ils vous transmettent étant un dépôt sacré que tout commande impérieusement de rendre aux ayants droit dans sa parfaite intégrité.