Musée de VERSAILLES : Salles des Croisades (1844)

Armes: blasons et parfois cimier, légende et devise, tenants et supports et autres ornements extérieurs.
Nouvelles inscriptions et Corrections (Partie 1)

La rapidité avec laquelle on exécuta le travail de la galerie des Croisades du Musée de Versailles dut entraîner infailliblement des inexactitudes et même des erreurs. Deux années à peine avaient été consacrées à l'accomplissement de cette oeuvre qui réclamait le concours de l'historien, du paléographe et du peintre. Lorsqu'au mois de juillet 1843 les cinq salles des croisades furent ouvertes au public, la critique se hâta de s'exercer, et un examen rigoureux releva bientôt les fautes qui avaient été commises, malgré les soins éclairés et consciencieux des directeurs du travail.
Cependant la première chose qui nous frappa, ce fut la sagesse du plan et la fidélité de la plupart des détails. La critique ne tombait que sur quatre ou cinq erreurs matérielles et sur quelques inexactitudes dénuées d'importance et faciles à réparer. En présence d'un pareil résultat, nous avons cru devoir garder le silence et laisser le temps de procéder aux rectifications indiquées. En effet, les corrections principales ont été faites, et nous respectons l'opinion, toute différente qu'elle soit de la nôtre, qui a empêché d'admettre les autres.
L'oeuvre semblait terminée et close sans retour; mais la justice de plusieurs demandes et le crédit des personnes qui les faisaient rendirent indispensable une nouvelle addition, et, au mois d'avril 1844, vingt écussons furent peints sur les panneaux étroits qui sont entre les fenêtres et les murs latéraux, dans la deuxième et dans la troisième salle. Ce dernier supplément a porté le nombre des inscriptions à six cent quatre vingt-trois.

Voici quelles sont les nouvelles insertions.
On a placé dans la seconde salle:
1. HUGUES DE SALIGNAC, 1096. Le cartulaire d'Uzerche, f° 653, rapporte que Hugues de Salignac fit une donation avant de partir pour la première croisade. La branche, aujourd'hui existante, de la maison de Salignac, a pris le surnom de Fénelon; l'archevêque de Cambray était un de ses rejetons. ARMES: d'or, à trois bandes de sinople.
2. EUSTACHE DE MONTBOISSIER, 1144. La maison de ce chevalier, originaire d'Auvergne, a été substituée en 1511 à la maison de Beaufort-Canillac, dont elle a pris les armes comme écartelures. Elle portait auparavant: d'or, semé de croisettes de sable, au lion du même.
3. AMANIEU D'ASTARAC, 1175. Les comtes d'Astarac descendaient, selon l'Art de vérifier les dates d'Arnaud Garcie, troisième fils de Sanche le Courbé. Ils portaient: écartelé d'or et de gueules.
4. GUILLAUME DE SAINTE-MAURE, 1179. Il était de la race des premiers seigneurs de Sainte-Maure, dont le nom et les biens passèrent en 1200 à Guillaume de Précigny, auteur de la seconde maison de Sainte-Maure, qui a donné le duc de Montausier. ARMES: d'argent, à la fasce de gueules.
5. JUHEL DE LA MOTTE, 1190. Ce chevalier croisé, qui contracta un emprunt aux marchands génois, était d'une maison connue aujourd'hui sous le nom de La Mote-Baracé, dont nous avons donné les armoiries et la notice, page 224. Ses armes sont représentées au Musée de Versailles: d'argent, au lion de sable, à l'écusson d'argent, chargé d'une fasce de gueules, accompagnée de quatre merlettes de sable.
Nous ferons remarquer ici que le nom de La Motte, en latin De Mota, s'écrit presque invariablement avec un seul t, La Mote. Quant aux armes, elles contiennent une erreur. Les plus anciens sceaux de la famille placent les quatre merlettes sur-le-champ de l'écu principal, et représentent la fasce fleurdelisée de six pièces. Les armes de La Mote se blasonnent alors d'argent, au lion de sable, cantonné de quatre merlettes du même, et chargé d'un écusson d'argent, à la fasce fleurdelisée de six pièces de gueules. Chérin, dans le mémoire des preuves de cour, a déplacé par mégarde le membre de phrase, cantonné de quatre merlettes, et l'a fait rapporter à la fasce en écrivant au féminin cantonnée. Il est à croire que le petit écusson est une addition postérieure aux croisades. (Voyez la notice de la maison de La Mote-Baracé, page 226.)
6. BERNARD DE DURFORT, 1190. Ce chevalier languedocien était de la maison de Durfort, devenue ducale sous les noms de Duras et de Lorges. ARMES: d'argent, à la bande d'azur.
7. EUDES DE TOURNON, 1190. La maison de Tournon, en Vivarais, porte: parti au 1er d'azur, semé de fleurs de lis d'or, au 2e de gueules, au lion d'or.
8. THIERRY, seigneur de Misnie, 1190. Des marquis de Misnie descend la maison royale de Saxe. ARMES: d'or, au lion léopardé de sable, armé et lampassé de gueules.
10. PONS BASTET, 1190. Ce chevalier était de la maison de Crussol d'Uzès, dont nous avons donné la notice, page 122. ARMES: de gueules, à trois bandes d'or.
11. JEAN D'AUDIFFRET, 1248. Il fut un des seigneurs auxquels Amédée, comte de Savoie, donna une procuration pour toucher le complément de la dot de sa femme et pour employer cet argent à payer les gages des chevaliers qui servaient à ses frais à la sixième croisade. On a laissé en blanc l'écu de Jean d'Audiffret, parce que le plus ancien document authentique des armes de sa maison résulte de lettres patentes d'un duc de Savoie, qui, au seizième siècle, la confirma dans la possession exclusive de ses armoiries qu'une autre famille avait usurpées. L'expression italienne concediamo, nous concédons, contenue dans ces lettres patentes, a fait craindre que les armes des Audiffret n'eussent été changées à cette époque. On aurait du réfléchir que le mot concediamo était un terme de chancellerie, et, qu'en France même, le roi, lorsqu'il conférait un titre à un gentilhomme, se servait de la formule nous accordons, pour confirmer à l'impétrant la possession de ses anciennes armoiries.
12. D. DE VERDONNET, 1248. Ce seigneur, d'une maison d'ancienne chevalerie de la province d'Auvergne, portait: d'azur, au lion d'argent, armé et lampassé de gueules, à la bordure de vair.
13. PONS MOTIER, 1248. Ce chevalier était d'une maison dont sont issus les marquis de la Fayette. ARMES: de gueules, à la bande d'or et à la bordure de vair.
14. GUILLAUME et AYMOND DE LA ROCHE-AYMON, 1248. Ces deux seigneurs croisés étaient d'une ancienne famille du Bourbonnais, qui a fait ses preuves de cour. ARMES: de sable, semé d'étoiles d'or, au lion du même, armé et lampassé de gueules.
15. GUILLAUME et GUILLAUME-RAYMOND DE SÉGUR, 1248. Ils étaient d'une maison du Limousin, représentée de nos jours par plusieurs branches. ARMES: écartelé, aux 1 et 4 de gueules, au lion d'or, aux 2 et 3 d'argent plein.
16. GUILLAUME DE CADOINE, 1248. Ce chevalier était d'une maison dont sont issus les marquis de Gabriac. ARMES: de gueules, à sept losanges d'or.
17. PAYEN EUZENOU, 1248. Il s'associa avec d'autres seigneurs bretons pour fréter un navire. ARMES: écartelé, aux 1 et 4 d'azur, aux 2 et 3 d'or, à deux feuilles de houx de sinople.
18. BERTRAND D'ESPINCHAL, 1248. Ce chevalier, de la province d'Auvergne, portait: d'or, au griffon de sable, accompagné de trois épis du même.
19. HARDUIN DE PERUSSE, 1248. Ce seigneur étant à la croisade fit un emprunt à des marchands italiens. Nous avons donné la notice de la maison de Pérusse, aujourd'hui ducale sous le nom des Cars, page 148. ARMES: de gueules, au pal vairé. (Voyez pl. D.)
20. GÉRARD DE BOSREDON, 1248. Il était d'une famille d'Auvergne, qui avait pour armes: d'azur, au lion d'argent, armé et lampassé de gueules.

A ces vingt nouvelles inscriptions il faut ajouter la suivante:
ALBÉRIC D'ALLONVILLE, 1190. Il était d'une maison qui tire son nom de la terre d'Allonville, en Beauce, à deux lieues de Chartres. ARMES: d'argent, à deux fasces de sable.
Le nom et l'écu de ce chevalier ont été substitués à ceux de Raoul d'Aubigné, qui figuraient dans la première salle carrée sous le n° 75 (voyez l'Annuaire de 1841, pag. 379). Le nom de d'Aubigné étant commun à plusieurs familles, on n'avait pas pu préciser avec certitude à laquelle Raoul appartenait et l'on s'était laissé diriger par de simples présomptions.

Nous allons maintenant énumérer les erreurs qui avaient été faites, soit dans la galerie des Croisades du Musée de Versailles, soit dans la description que nous avions donnée dans l'Annuaire de l'an passé, et qu'il faut rectifier.
GUILLAUME-RAYMOND: d'argent, à la croix de gueules chargée de cinq coquilles du premier (Grande salle, n° 138, page 349). Ce chevalier était de la maison des seigneurs de Lunel, et le peintre lui avait, par mégarde, attribué les armes de celle de Raymond Modène. Cette erreur a été rectifiée. Les armes de Lunel sont: d'azur, au croissant renversé d'argent.
GUILLAUME DE PIERRE, seigneur de Ganges; écartelé d'argent et de sable. (Grande salle, n° 139, p. 349). Ces armes sont celles de la maison de Vissec de Latude, qui n'a possédé la terre de Ganges qu'au dix-septième siècle. Guillaume de Pierre était de la maison de Pierre de Bernis, qui porte: d'azur, à la bande d'or accompagnée en chef d'un lion passant du même. L'erreur a été rectifiée au Musée de Versailles.
GUILLAUME DES BARRES, comte de Rochefort; d'azur, au chevron d'or, accompagné de trois coquilles du même (Grande salle n° 205, page 356). Ce sont les armes de la famille des Barres de Saint-Martin. Guillaume, dont sont issus les seigneurs de Chaumont-sur-Yonne, portait selon le P. Anselme: losangé d'or et de gueules. Ce dernier écu a été rétabli à la place du premier, au Musée de Versailles.
OLIVIER DE TERMES: d'azur, à trois flammes d'argent, mouvantes de la pointe de l'écu (Grande salle, n° 266, page 364). Ces armes sont celles de la maison de Fumel, dont Olivier de Termes n'était point issu. Son contrescel gravé dans l'histoire du Languedoc de dom Vaissète, représente un lion. Palliot donne pour armes à sa famille, d'argent, au lion de gueules. C'est l'écusson qu'on a substitué avec raison au premier, dont rien ne justifiait le choix.
DIEUDONNÉ DE GOZON (page 369), natif de Milhaud en Rouergue. Une erreur typographique a fait mettre Bourgogne au lieu de Rouergue.
HUGUES DE GAMACHE (1re salle carrée, page 371, n° 11). Le nom de ce chevalier doit s'écrire Gamaches; le s a été rétabli.
BERTRAND DE BLANQUEFORT, grand-maître de l'ordre du Temple (1ère salle carrée, page 374, n° 36). On lui avait d'abord donné les armes de l'ordre, sans les écarteler des siennes qu'on ne connaissait pas. Elles ont été retrouvées et figurent aux 2e et 3e quartiers de l'écu: parti contrefascé d'or et de gueules.
RAOUL D'AUBIGNÉ (1re salle, page 379, n° 75). Son nom et ses armes ont été remplacés par ceux d'Albéric d'Allonville, voyez plus haut page 345.
PONCET D'ANVIN (2e salle, page 380, n° 88). Il était de la maison d'Anvin des sires de Hardenthun anciens barons d'Artois. Robert de Hardenthun prit part à la croisade de Hongrie en 1396, d'après le récit de l'historien Froissard.
GUY DE HAUTECLOQUE (2e salle, page 387, n° 141). Le doyen d'Arras, qui lui donna sa garantie pour un emprunt, s'appelait Barthélemy et non Bernard, comme nous l'avions imprimé par erreur.
JEAN DE DION (2e salle, page 387, n°147). L'écu a été modifié, comme nous l'avons expliqué dans les tablettes généalogiques, page 211.
JEAN DE HÉDOUVILLE (2e salle, page 387, n° 148). Le peintre avait représenté un léopard lionné au lieu d'un lion léopardé dans les armes de ce chevalier picard. L'erreur a été réparée. Le lion léopardé est un lion passant, la tête posée de profil; le léopard lionné est un léopard rampant, la tête posée de face.
RICHARD DE CHAUMONT (page 388, n° 157), archives de la maison de Guiche, lisez de La Guiche.
HERVÉ DE SESMAISONS (page 393, n° 192), au lieu de maisons d'or, lisez: tours de maisons fortes.
GUILLAUME HERSART (3e salle, page 393, n° 197). La herse qui figure dans ses armes devrait avoir les extrémités supérieures croisées, pour être telles que les porte la famille. Cela n'a pas été rectifié.
AYMERIC DE RECHIGNEVOISIN (page 397, n° 208). La maison Rechignevoisin n'est pas éteinte.
SANCHON DE CORN (page 398, n° 213). Une branche seulement de la maison de Corn, celle des seigneurs de Queysac, est éteinte; l'autre subsiste.
PIERRE ISORÉ (page 400, n° 268). Le marquis de Pleumartin, veuf de mademoiselle de Brissac, est le chef actuel de cette maison, que nous avions par erreur annoncée comme éteinte.
ROUX DE VAREIGNE (page 401, n° 279). Lisez: Varaigne.
HUGUES DE CARBONNIÈRES (4e salle, page 401, n° 284). Le peintre avait figuré dans l'écu de ce chevalier des charbons de sable allumés de gueules posés en pal ou debout. Ces charbons devaient être ardents et posés dans le sens de la bande. Cette erreur a été rectifiée.
GUILLAUME et RAYMOND DE GROSSOLLE (page 402, n° 287). Lisez: Grossoles. Cette famille est de la Guienne et non du Périgord.
PIERRE DE VOISINS (4e salle, page 402, n° 291). On lui avait attribué pour armes: de sinople, chargé de 8 canettes d'argent, au franc quartier d'hermine. Mais il était de la maison de Voisins, originaire de la Beauce et dont une branche s'était établie en Languedoc, lors des guerres des Albigeois. Sa famille avait pour armes: d'argent, à trois fusées de gueules accolées en fasce. C'est actuellement le blason de son écu à la galerie des Croisades du Musée de Versailles.
ROBERT DE JULIAC, grand-maître de Rhodes (4e salle, page 406, n° 334), lisez: Juilly. Une erreur grossière commise par tous les historiens, avait fait jusqu'ici donner le nom de Juliac à ce grand-maître, que l'on croyait d'une famille de Languedoc. Les recherches de M. Lacalane ont été assez heureuses pour faire reconnaître qu'il était de la maison des seigneurs de Juilly près Paris. Ce dernier nom a été substitué à l'autre, au bas de son écusson.

Les admissions au Musée de Versailles des noms et des armes des Croisés dont nous venons de compléter la liste dans cet article, sont loin d'être exclusives et d'impliquer que ces seigneurs soient les seuls qui aient pris part aux guerres saintes. En effet, si nous réfléchissons aux armées innombrables qui, sous la bannière du Christ, se précipitèrent vers la Palestine, nous ne saurions douter que chaque famille noble contemporaine des Croisades, n'ait fourni au moins un champion à l'une de ces diverses expéditions d'outre-mer.
Pour rendre entière et complète justice, il eût fallu peut-être inscrire dans la liste des Croisés les noms de toutes les familles d'ancienne chevalerie, c'est-à-dire dont l'existence féodale remonte au XIVe siècle. Mais on ne pouvait sans de graves embarras procéder ainsi par induction, et toutes les admissions ont été subordonnées à des preuves matérielles et authentiques.
Toutefois on conçoit que le silence des historiens, l'absence de titres originaux, et même la négligence des familles à faire valoir leurs droits ou à racheter leurs titres restés dans des mains étrangères, ont dû priver une foule de noms anciens de figurer au musée de Versailles. Les maisons éteintes surtout, n'ayant plus de représentants intéressés à plaider leur cause, ont été presque toujours oubliées ou mises à l'écart.
Pour reconnaître combien cette liste du Musée de Versailles doit offrir encore de lacunes, malgré les additions successives qui l'ont doublée, il suffit de remarquer qu'elle ne contient par exemple aucun des quatre grands chevaux de Lorraine (c'était ainsi qu'on appelait les quatre premières et principales maisons qui composaient l'ancienne chevalerie de Lorraine), Chastellet, Haraucourt, Lenoncourt et Ligneville; qu'on y chercherait en vain les Castellane, les Pontevez et les Simiane de Provence; les Clisson, les Beaumanoir et les Coetlogon de Bretagne; les Custine de Brabant; les Sainte-Aldegonde d'Artois, etc., et une foule des premières maisons de chaque province.

L'ouverture de la galerie des Croisades du musée de Versailles avait eu lieu au mois de juillet 1843, et la description des cinq salles qui la composent avait été donnée dans l'Annuaire de 1844. Des additions et des corrections, apportées au travail primitif dans le courant de l'année suivante, avaient été aussi publiées dans l'Annuaire de 1845. Depuis cette époque l'oeuvre était considérée comme close et terminée. De nombreuses réclamations, dont quelques-unes paraissaient justes et fondées, furent inutilement adressées de 1844 à 1856, au sujet de cette galerie et des omissions qu'elle présentait. On y opposait une fin de non-recevoir ou exception très-péremptoire. Il n'y avait plus de places pour des inscriptions nouvelles.
Cependant M. le comte de Nieuwerkerke, directeur général des musées impériaux, animé d'un esprit de justice, crut indispensable, il y a quatre ans, d'accueillir les demandes de quelques familles, qui voulaient prouver la présence d'un de leurs ancêtres aux croisades et qui remplissaient toutes les conditions exigées pour l'inscription du nom et des armes de ce seigneur croisé.
Il restait encore, entre les fenêtres des quatre salles carrées, quelques places vides, qui paraissaient destinées à recevoir des médaillons ou portraits. On les consacra aux admissions nouvelles, qui furent soumises aux mêmes preuves et vérifications que les anciennes. (Voyez l'Annuaire de 1844.)
Quoique ce travail supplémentaire ne soit encore qu'en voie d'exécution, nous croyons utile de donner dès aujourd'hui ce qui a déjà été fait depuis trois ans.

Inscriptions nouvelles.
COLLARD DE SAINTE-MARIE, 1219. Ce chevalier, étant au camp devant Damiette, en septembre 1219, fit, conjointement avec deux autres seigneurs normands, Robert d'Esneval et Foulques d'Orglandes, un emprunt de cent livres tournois à des marchands génois, sous la garantie du connétable de Montmorency. (Voyez l'Annuaire de 1860, page 217.) ARMES: écartelé d'or et d'azur.
HUGUES BONIN, 1191. Ce seigneur tourangeau ayant suivi Richard-Coeur-de-Lion à la troisième croisade, fit un emprunt de cent marcs d'argent à des marchands de Pise, sous la garantie du chevalier de Sainte-Maure. Sa famille, encore existante, appelée aujourd'hui de la Bonninière de Beaumont, est connue surtout sous le dernier de ces noms. (Voyez l'Annuaire de 1860, page 145). ARMES: d'argent à une fleur de lis de gueules.
JEAN DE LUR, 1191. Un titre de la collection Courtois nous apprend que Jean de Lur et Géraud de Boysseulh, chevaliers du Limousin, étant en Palestine, firent un emprunt à des marchands italiens. L'acte est scellé du sceau de Jean de Lur, sur lequel sont figurées ses armoiries, telles qu'on les a placées au musée de Versailles et telles qu'elles sont décrites ici. La maison de Lur-Saluces, qui revendique ce chevalier croisé comme un de ses ancêtres, a un blason qui diffère notablement du sien. ARMES: de gueules, à trois croissants d'argent, à l'arbre au naturel, brochant sur le tout.
GÉRAUD DE BOISSEULH, 1191. La présence de ce seigneur en Palestine est constatée par le même acte que celle de Jean de Lur. Sa maison, encore existante, a modifié ses armoiries. (Voyez l'Annuaire de 1843, page 267). Dans les plus anciens documents on les trouve blasonnées comme on les a figurées au musée de Versailles. ARMES: d'azur, à la bande d'argent chargée de trois larmes de gueules.
PHILIPPE D'AGNEAUX, 1221. Ce chevalier normand, ayant pris part à la croisade de Damiette en 1218 se trouvait encore en Palestine en 1221, comme nous l'apprennent plusieurs arrêts de l'échiquier de Normandie, qui suspendirent des poursuites contre lui en vertu du privilége de la croix prise (crucis sumptoe). Ces arrêts sont conservés dans un recueil manuscrit de la bibliothèque de Rouen. ARMES: d'azur, à trois agneaux d'argent.
JEAN DES COURTlLS, 1248. Suivant un acte d'emprunt de la collection Courtois, ce seigneur liégeois avait suivi le comte de Soissons à la première croisade de saint Louis. ARMES; d'azur, au lion d'argent, portant au col l'écu de Flandre: d'or, au lion de sable, attaché par un collier de gueules.
Ces admissions nouvelles sont loin de compléter le travail. Plusieurs demandes récentes ont encore été faites pour obtenir des inscriptions de chevaliers croisés, omis jusqu'ici. On peut citer, entre autres, celles des chefs actuels des maisons d'Anfernet et des Rotours qui s'appuient sur le titre de croisade qui a été publié textuellement plus haut, page 208.
L'annexion de la Savoie à la France a ouvert les droits de quelques familles. Ainsi les Costa de Beauregard et les Montferrand pourraient invoquer, pour l'admission de leurs noms et armes dans la galerie des Croisades, le titre en vertu duquel Jean d'Audiffred y a été porté.
Enfin quelques noms ont été laissés de côté jusqu'ici, soit parce que les familles qui les portaient sont éteintes, comme les Bocsozel, les Rachais, les Leyssin, qui figurent dans l'acte d'emprunt contracté, en juin 1191, par Jean de Drée sous la garantie d'Hugues, duc de Bourgogne, soit parce qu'elles ont négligé de faire valoir leurs droits, comme les Lattier de Bayanne mentionnés aussi dans la charte de croisade de Jean de Drée, et, comme les d'Ambly, dont un rejeton, Gilles d'Ambly, emprunta, avec Renaud de Mailly, soixante marcs d'argent à des marchands italiens, sous la garantie de Jean de Chastenay, chevalier croisé, inscrit au musée de Versailles.
Le titre de croisade appartient à la maison d'Orglandes, qui l'avait produit en 1843, pour l'admission du nom et des armes de Foulques d'Orglandes au musée de Versailles: la maison de Sainte-Marie d'Agneaux, qui avait négligé de faire valoir ses droits en cette circonstance, satisfaisait à toutes les conditions exigées pour figurer à la galerie des Croisades. Elle avait fait ses preuves de cour, et la marquise de Sainte-Marie avait été présentée le 6 décembre 1778. (Gazette de France et Mercure de 1778.) Son nom ne se trouvant pas dans le registre des honneurs de la cour conservé aux archives de l'Empire, avait aussi été omis dans la liste des présentations qui a été publiée par l'Annuaire de 1849-1850.
Cette charte est scellée d'un sceau en cire blanche pendant à des lacs de parchemin, et représentant une fasce, armes de la première maison de Sainte-Maure, éteinte en la personne de Guillaume de Sainte-Maure, le chevalier croisé qui a donné les présentes lettres de garantie. Ce seigneur ne laissa qu'une fille, Avoie, dame de Sainte-Maure, mariée à Guillaume de Pressigny, qui a relevé le nom et les armes de la famille de sa femme.

Le travail supplémentaire, repris l'an passé pour compléter le plus possible la belle oeuvre des salles des croisades, était loin d'être terminé lorsque nous avons publié le troisième article sur ce sujet dans l'Annuaire de 1861, page 357. Plusieurs familles étaient en instance pour faire valoir leurs droits à voir leur nom et leurs armes figurer au musée de Versailles, et elles appuyaient leur demande sur des titres incontestables. Des inscriptions nouvelles étaient faciles à prévoir; quelques-unes sont réalisées aujourd'hui.

Inscriptions nouvelles.
JOURDAIN D'AMPHERNET, 1119. Ce chevalier normand souscrivit, avec Henri de Hanneville, Guillaume des Rotours et Hugues de Malleville, un emprunt, contracté en juin 1191, au camp devant Saint-Jean d'Acre, sous la garantie du roi d'Angleterre. Le texte de ce titre de croisade a été textuellement publié dans l'Annuaire de 1861 (page 208). La maison à laquelle appartenait Jourdain d'Amphernet, d'Anfernet ou d'Enfernet, en latin de Inferneto, était connue dans la province de Normandie dès le XIVe siècle. Guillaume d'Anfernet, trésorier des guerres, vivait en 1383. ARMES: de sable, à l'aigle éployée au vol abaissé d'argent, becquée et membrée d'or.
GUILLAUME DES ROTOURS, 1191. Ce chevalier normand dont le nom et les armes ont été mis au musée de Versailles, en vertu du même titre que Jourdain d'Amphernet, appartenait à une maison dont la notice historique a été donnée l'an passé. ARMES: d'azur, à trois besants d'argent.
ALAIN DE PONTBRIANT, 1191. La maison de Pontbriant, à laquelle appartenait ce chevalier breton, s'est éteinte au XVe siècle, et la famille du Breil a relevé son nom au siècle suivant. Elle avait passé aux plus anciennes réformations de Bretagne. Alain de Pontbriant a été inscrit au nombre des chevaliers croisés du musée de Versailles sur la foi d'un titre, qui est rapporté plus loin. ARMES: d'azur, au pont à trois arches d'argent, maçonné de sable.
FALCON DE CHAPONNAY, 1191. C'est encore un emprunt contracté à Saint-Jean d'Acre par ce chevalier croisé et quelques autres seigneurs du Dauphiné, qui a fait inscrire son nom et ses armes au musée de Versailles. Sa maison, qui avait pour devise: Gallo canente spes redit, a donné des officiers supérieurs, des chevaliers de Saint-Louis, des présidents au parlement de Grenoble, des prévôts des marchands et des échevins de la ville de Lyon. (Voyez l'Annuaire de 1860, p. 390.) ARMES: d'azur, à trois coqs d'or, becqués, crêtés, barbés et membrés de gueules.
THIBAUT CHASTEIGNER, 1250. Ce chevalier appartenait à une maison du Poitou, qui avait pour auteur Thibaut Chasteigner, seigneur de la Chasteigneraie, vivant en 1140. Sa présence à la première croisade de saint Louis est prouvée par une quittance dont le texte est rapporté plus bas. ARMES: d'or, au lion passant (ou léopardé), de gueules.

Inscriptions anciennes.
ADDITIONS ET CORRECTIONS.

ROBERT DE SOURDEVAL, 1096. Les armes de ce chevalier n'avaient été indiquées dans l'origine, au musée de Versailles, que par des traits, parce qu'on était incertain au sujet des émaux de l'écu. On les a peintes récemment telles que les portait la famille de ce nom, éteinte de nos jours. ARMES: d'or, fretté de sable de six pièces, au canton du même.
JUHEL DE LAMOTE, 1194. L'écusson de ce chevalier présentait plusieurs erreurs qu'avait signalées l'Annuaire de 1845 (pages 226 et 338). On en a enfin tenu compte en rétablissant le blason primitif de la maison de Lamote-Baracé, tel qu'il était au temps des croisades. ARMES: d'argent, à la fasce de gueules, fleurdelisée de six pièces.
GUILLAUME DE BEAUMONT, maréchal de France, 1249. L'ignorance de ses armoiries lui avait fait donner pour écu un champ d'argent ou table d'attente; mais elles ont été retrouvées il y a peu de temps, et on les a fait peindre sur son écusson. ARMES: gironné d'argent et de gueules.

Dans le courant de l'année 1862 quatre inscriptions nouvelles ont été faites dans les galeries des Croisades du Musée de Versailles. Le nombre des médaillons restés encore vides et pouvant recevoir le nom et les armes de chevaliers croisés, n'est plus aujourd'hui que de cinq par suite de ces additions dont nous allons donner les détails.

Inscriptions nouvelles.
HUGUES D'ORFEUILLE, 1249. Ce chevalier, dont le nom et les armes viennent d'être placés au musée de Versailles dans la première salle carrée de la galerie des Croisades, appartenait à une famille du Poitou, qui existe encore aujourd'hui. Le titre, en vertu duquel cette admission a été faite, est un emprunt contracté à Damiette en novembre 1249 sous la garantie d'Alphonse, comte de Poitiers, par Thibaud du Reclus, en présence de Hugues d'Orfeuille et de Hugues de Frans. Le texte de ce titre a été publié dans l'Annuaire de 1846, page 229 avec deux autres, dont l'un est un brevet de pension accordé par le roi Charles V, en 1369, à Armery d'Orfeuille; il est donc inutile de le reproduire ici. Outre ces trois titres, beaucoup d'autres ont été également présentés à l'appui de la demande d'inscription. ARMES: d'azur, à trois feuilles de chêne d'or.
G. DU BOIS, 1248. Ce chevalier s'associa avec plusieurs autres gentilshommes de Bretagne, pour traiter du prix de leur passage de Chypre à Damiette, au mois d'avril 1249. Nous avons donné plus haut, page 210, la notice de plusieurs maisons bretonnes du nom de du Bois, qui, par la similitude de leurs armoiries, semblent appartenir à une souche commune. On a attribué à ce chevalier croisé le blason figuré sur le sceau d'Alain du Bois apposé au bas d'un acte de 1383 et reproduit par dom Morice dans son histoire de Bretagne (voyez plus haut, page 211). ARMES: de gueules, à trois épées (ou coutelas) d'argent, rangées en fasce, la pointe en bas.
RAYMOND DE VASSINHAC,1285. Ce chevalier de l'ordre du Temple appartenait à une des plus anciennes maisons du Bas-Limousin, dont la notice a été publiée dans l'Annuaire de 1845, page 262. Son nom figure fréquemment, ainsi que celui de Bertrand de Vassinhac, dans le procès de l'Ordre des Templiers, publié par M. Michelet, où son interrogatoire, subi le 6 mai 1310, est rapporté textuellement. Il avait alors soixante ans, et avait fait le voyage d'outre-mer. ARMES: d'azur, à la bande d'argent, bordée de sable.
PHILIPPE WALSH, 1191. Richard-Coeur-de-Lion étant à Saint-Jean-d'Acre, fit prêter par un banquier pisan 500 marcs d'argent à Geoffroi de la Haie, 600 marcs à Guillaume Gorrain, 700 à Philippe Walsh, en latin Walensi, et 1000 au moins à Mercadier. C'est en vertu de l'acte original de cette espèce de lettre de crédit, que le nom de ce dernier a été inscrit au Musée de Versailles. On lui a donné pour blason celui de la maison de Walsh, originaire du pays de Galles et venue en France avec les Stuart. ARMES: d'argent, au chevron de gueules, accompagné de trois phéons ou fers de dard antiques de sable.