BOREL D'HAUTERIVE : Histoire des armoiries des Villes de France

Armoiries, armes, blason, écu: dessin réalisé avec Euralsuite.
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NANCY

ARMES: coupé, au 1er d'or, à la bande de gueules, chargé de trois alérions d'argent, au 2e d'argent, à un chardon de sinople, fleuri de gueules. Devise: QUI S'Y FROTTE S'Y PIQUE.

On ne connaît pas l'origine de Nancy, qui, d'après ses titres les plus anciens, ne paraît pas devoir remonter au delà de l'an mille. Deux siècles plus tard, elle était déjà la capitale de la Lorraine, et sa prospérité s'accrut sous la protection des ducs qui y avaient fixé leur résidence. La ville de Nancy adopta pour armoiries celles de ses bienfaiteurs. La bande chargée de trois alérions était le blason des ducs de Lorraine; le chardon avait été choisi par eux pour emblème et devint l'insigne d'un ordre qu'ils instituèrent.
Souvent le 1er coupé est pris pour un chef. L'Armorial de l'empire le supprime et le remplace par le chef des bonnes villes.

Dans l'écusson sculpté sur la façade de l'embarcadère du chemin de fer de Strasbourg, on a oublié la ligne qui coupe l'écu. Lyonnois, dans son Histoire de Nancy, page 4, blasonne naïvement les armes de cette ville: d'argent, au chardon tigé, arraché, verdoyant et arrangé de deux feuilles piquantes au naturel, à la fleur purpurine.
D'Hozier, qui n'avait pas reçu sans doute de communication de Nancy au sujet de son blason, lui imposa des armoiries qu'il enregistra dans son recueil officiel de 1699: d'or, à deux canons d'azur, posés en sautoir. Nous ne les avons trouvées que dans ce manuscrit et l'on n'en a jamais fait usage.

Histoire

Nancy tire son nom d'une petite forteresse du IXème siècle. Elle fut choisie, au XIIème siècle comme résidence ordinaire par les ducs de Lorraine, qui l'entourèrent de murs. Elle eut plusieurs sièges à soutenir, dont le plus dramatique fut celui de 1477, sous le bon roi René, contre Charles de Téméraire, duc de Bourgogne. Ce fut le dénouement de la lutte entreprise contre le Téméraire par les Etats rhénans, inquiets des progrès de la Bourgogne. Devant l'attaque de Charles le Téméraire (oct. 1476), le jeune duc René ne s'enferma pas dans la ville, mais alla demander des secours à ses alliés, le roi de France, et surtout les Suisses. L'armée de Bourgogne échoua dans plusieurs assauts contre la ville, tandis que René levait une solide armée de 20 000 Suisses. Alsaciens, Lorrains, Français se portaient en toute hâte au secours de sa capitale. Prises entre la ville et l'armée de secours, tournée sur leur droite, effrayés par les mugissements du taureau d'Uri et de la vache d'Untervalden, qui leur rappelaient les souvenirs de Granson et de Morat, les troupes bourguignonnes se débandèrent. Charles le Téméraire essaya en vain d'arrêter la panique et périt, dit-on de la main du châtelain de Saint-Dié.